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Le 1% le plus riche de la population mondiale émet deux fois plus de CO2 que la moitié la plus pauvre de la planète. C’est une des conclusions du rapport publié par Oxfam et le Stockholm Environmental Institute (SEI) le 21 septembre, intitulé « Combattre les inégalités des émissions de CO2 ».
Ce rapport s’intéresse à la période 1990-2015 durant laquelle les émissions annuelles de CO2 se sont envolées (+ 60%). Il porte sur les émissions de 117 États et prend en compte à la fois les émissions provenant de la consommation et celles liées aux importations de biens et services.
Parmi les principales conclusions : les 10% les plus riches de la population mondiale ont été à l’origine de 52% des émissions de CO2 cumulées pendant cette période. Ils ont consommé un tiers du budget carbone de la planète, soit les émissions maximales pour respecter la limite de + 1,5° C fixée par l’Accord de Paris. En comparaison, les 50 % les plus pauvres ne sont responsables que de 7% des émissions, soit 4% du budget carbone mondial.
Tous ces chiffres posent la question de la justice climatique : qui paye et qui devrait payer le coût du réchauffement planétaire ?
Selon Tim Gore, responsable de la politique climat à Oxfam et auteur du rapport :
La surconsommation d’une minorité alimente la crise climatique, mais ce sont les communautés pauvres et les jeunes qui en paient le prix fort.
Un autre éclairage est apporté par ce rapport, et conteste l’idée reçue selon laquelle le développement rapide et important de la classe moyenne en Inde et en Chine serait la principale cause de l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone. En effet, la croissance des rejets carbonés de ces populations est proportionnellement comparable à l’accroissement des émissions des plus riches.
Les rédacteurs du rapport émettent des recommandations pour s’attaquer à la fois au problème d’injustice et de crise climatique. Ils suggèrent d’une part de viser spécifiquement les émissions des plus riches qui croissent beaucoup plus vite que celles du reste de la population, en taxant notamment plus lourdement les moyens de transport les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Les 10% les plus riches, soit ceux qui gagnent plus de 35 000 dollars par an, sont responsables pour 46% de la croissance des émissions pendant ces 25 années (contre + 6% pour les 50% les plus pauvres). À cela doivent s’ajouter, d’autre part, des investissements plus importants au profit des populations les plus pauvres, les inégalités climatiques étant profondément liées aux inégalités sociales.
Ban Ki-moon, ancien secrétaire général de l’ONU, affirme que « la pandémie de Covid-19 constitue un impératif incontestable pour mieux reconstruire et placer l’économie mondiale sur une base plus durable, plus résiliente et plus juste ». Plusieurs voix s’unissent dans cet appel aux gouvernements à saisir l’opportunité que représente le ralentissement de nos économies face au coronavirus. Pour beaucoup d’entre elles, il doit s’agir d’un tournant historique vers une transition plus juste.
Reste à savoir si les dirigeants choisiront de s’engager dans cette direction.