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Bangladesh 20 octobre 2023 Session internationale BrahmapoutreGangeMeghna

12ème Session Internationale des membres IAGF-IFGR au Bangladesh

LE BANGLADESH, QUELQUES INFORMATIONS

 

* Ce pays sud-asiatique situé au nord du golfe du Bengale, est quasiment enclavé dans l’Inde.

* Plus de 90 % territoire est occupé par le delta du Gange (formé par la confluence du Gange, du Brahmapoutre et de la Meghna), plaine fertile sujette aux cyclones tropicaux et aux inondations des moussons.

* 10 % du territoire est même situé en-dessous du niveau de la mer. En raison du dérèglement climatique, le pays pourrait perdre 20 % de son territoire sous l’effet de la montée des eaux.

* Avec ses 1 286 habitants/km2, c’est l’un des pays du monde dont la population est la plus dense.

* Cette démocratie parlementaire est indépendante depuis 1971, suite à une guerre de libération meurtrière qui opposa les rebelles bengalis au pouvoir central pakistanais. Elle avait précédemment déjà connu deux partitions : en 1905, lors de la division du Bengale, et en 1947, lorsque le Bengale oriental est agrégé au Pakistan tandis que le Bengale occidental rejoint l’Inde devenue indépendante.

* Population (Banque mondiale 2022) : 171 millions de Bangladais, dont 98 % de Bengalis.

* Capitale : Dhaka (plus de 20 millions d’habitants).

* Langue officielle : bengali.

* Religions : Islam (à près de 90 %), hindouisme.


IAGF & L’ONG FRIENDSHIP :

ENSEMBLE POUR LE BANGLADESH

Du 15 au 22 octobre derniers, l’équipe d’experts IAGF s’est rendue au Bangladesh avec une double mission : y tenir la 12e session internationale de notre association et découvrir sur le terrain les actions de Friendship, une ONG qui œuvre dans le pays depuis 22 ans (voir l’interview de sa fondatrice Runa Khan)

Ce fut l’occasion pour les experts d’IAGF d’approfondir leurs connaissances sur les enjeux climatiques, sociaux et économiques du pays, liés entre autres à sa situation géographique particulière, mais aussi de découvrir les nombreux projets menés par Friendship afin d’aider les communautés locales. Une session enrichissante, source de projets futurs.

Les chars, îles de sable au nord du Bangladesh, toujours plus soumises aux variations climatiques

La session a commencé au nord du pays, près de la frontière indienne, dans la zone isolée des chars : ces îles alluvionnaires sont situées sur le Brahmapoutre et leur forme varie au rythme des fluctuations du fleuve, qui gonfle sous l’effet de la fonte des glaciers de l’Himalaya et des moussons mais aussi sous l’action des lâchers d’eau plus en amont sur le fleuve (en Inde). Les phénomènes d’inondations et d’érosion se sont accentués ces dernières années avec les épisodes météorologiques extrêmes. Les habitants sont contraints de se déplacer régulièrement, leurs maisons étant envahies par les eaux. Inimaginable pour des Occidentaux, ces populations seront appelées à déménager jusqu’à plusieurs dizaines de fois dans leur vie, allant d’une île à une autre ou tentant de rejoindre une ville pour y trouver des conditions de vie moins précaires.

Le Bangladesh est le pays de l’adaptation. La population n’est pas dans l’anticipation, ni dans l’apitoiement. Elle sait s’adapter depuis des décennies, au gré des événements climatiques. 

Les chars sont éloignées des villes comme des services publics. Friendship, dont l’une des missions consiste notamment à fournir des services de santé aux plus démunis, y intervient avec des hôpitaux flottants, qui se déplacent d’île en île. Bien équipés, ils permettent d’y effectuer des analyses, des soins et du suivi, de fournir les habitants en médicaments et même d’y pratiquer certaines opérations dans la salle dédiée. Au cœur du modèle d’action de l’ONG, l’immersion au sein des communautés : formée par l’association apporte un premier niveau d’aide et de conseil aux habitants, en étant au plus près de leurs besoins.

Le même système fonctionne pour l’éducation, l’agriculture et le conseil juridique : des référents qualifiés dans un domaine forment des personnes de l’île afin qu’elles acquièrent certaines compétences qui permettront à la communauté de disposer d’outils permettant de renforcer sa résilience et son autonomie face aux catastrophes. Ainsi les enseignants des écoles, qui sont issus des communautés elles-mêmes, sont formés par Friendship pour acquérir les notions essentielles à l’éducation des plus jeunes, avec des méthodes et outils (parfois informatiques) fournis par l’ONG.

Ce renforcement de l’autonomie est crucial dans l’approche holistique Friendship : les communautés ne doivent pas devenir dépendantes de l’association ni des aides internationales.

Elles doivent au contraire pouvoir maîtriser des connaissances ciblées, obtenir des solutions durables adaptées au changement climatique et à leurs problématiques quotidiennes, de revenus notamment. Sur le plan agricole, la méthodologie développée par Friendship permet par exemple d’établir un diagnostic précis des terres cultivables, en cartographiant les zones inondables d’une île et le niveau d’érosion. Les habitants co-construisent des systèmes adaptés à leur territoire avec l’aide des agronomes de l’association. Sur le Char Khamar Bashpata, le modèle de gestion intégrée de l’association a pris la forme de conseils ciblés concernant la culture du gingembre, par exemple : cultivable en pot, il peut être déplacé en cas de crues.

Friendship co-construit avec les communautés une aide globale, adaptée à leurs besoins et                                               leurs particularités géographiques et agricoles, tout en leur assurant des revenus sur la durée.

Les sundarbans envahis par l’eau salée

Après une escale à Dakha, au cours d’une conférence de haut niveau où les membres IAGF ont pu interagir avec des membres du gouvernement et des scientifiques, l’équipe IAGF est allée à la découverte du sud du pays, dans le parc national des sundarbans. A cheval entre l’Inde et le Bangladesh, cette région baignée par les innombrables bras et canaux du delta du Gange et classée Patrimoine mondial de l’UNESCO, est la plus grande forêt de mangrove du monde. Elle abrite de nombreuses espèces de faune et flore, notamment le tigre du Bengale (environ 100 individus y ont été recensés)

Friendship y a initié des programmes de replantation de mangrove, qui constitue une barrière naturelle contre les marées et les cyclones. Il s’agit en effet de lutter contre les eaux salées qui pénètrent de plus en plus loin à l’intérieur des terres du fait de la montée du niveau du golfe du Bengale et de la construction de barrages sur le Padma, du côté indien de la frontière. Le phénomène de salinisation rend non seulement l’eau impropre à la consommation mais transforme les cultures : il n’est plus possible de produire du riz et les terres sont progressivement réaffectées à l’élevage de crabes et de crevettes, plus rentable, au détriment des revenus des petits agriculteurs locaux qui doivent alors migrer vers les villes pour travailler.

L’ONG agit également sur le plan de la protection contre les cyclones, un des fléaux qui touche cette région plusieurs fois par an du fait de sa géographie. Les abris anti-cycloniques étant souvent éloignés, Friendship met à disposition des plans utilisant des matériaux de construction locaux afin que certaines familles puissent construire leur propre abri, dans lesquels une vingtaine de personnes peuvent se réfugier en cas de cyclone de faible intensité.

Quel avenir pour le Bangladesh et les deltas en général ?

Face à cette population résiliente mais toujours plus impactée par le dérèglement climatique, les experts IAGF se sont interrogés. Si les actions de Friendship sont nombreuses et durables en faveur des communautés les plus impactées et isolées, le rôle de l’Etat bangladais reste primordial pour assurer la protection de la population : que compte-t-il faire à long terme pour les populations contraintes de se déplacer, qui vont être de plus en plus nombreuses ?

Les membres ont constaté une insuffisance de certains dispositifs face à l’ampleur des problèmes, il subsiste de multiples besoins de renforcement de la coopération :

  • sur les systèmes d’alerte des derniers kilomètres ainsi qu’entre pays transfrontaliers
  • Sur une vision et plan de gestion de bassin à long-terme
  • sur des études approfondies en lien avec les services écosystémiques des fleuves ( dont le terrain pourrait s’inscrire dans les programmes de Friendship de reforestation de la mangrove ).

IAGF se réjouit de pouvoir mettre son expertise au service de Friendship et de mener à bien des projets communs au Bangladesh sur la durée. IAGF a également eu des échanges prometteurs avec l’Alliance Française et l’Ambassade de France et envisage déjà des actions de coopération internationale.

La feuille de route est en construction et devrait être mise en œuvre dès 2024, sur des actions de sensibilisation, de valorisation des actions locales, d’hydrodiplomatie et d’éducation. Comme l’a précisé Erik Orsenna, notre président : 

Ce qui arrive dans le delta du Gange est susceptible d’arriver dans tous les deltas du monde : la montée des eaux liée au réchauffement climatique et le déplacement des populations qui en résulte doivent nous inciter à réfléchir à la gestion des fleuves à long terme tout autant que des flux migratoires. Le Bangladesh est le laboratoire de nos fragilités, et nous devons agir collectivement, avec une vision globale et prospective, à la fois au niveau local et international .

Crédits Photos : Laurent Weyl / Collectif Argos

 

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